Traversée

Traversée
Moon, Leonid Tichkov

vendredi 17 avril 2015

Parties du livre

Comme je l'ai mentionné sur ma note d'intention, je compte diviser le livret en plusieurs parties relatives aux rites de passage de la vie, je vais donc publier ces grands titres avec vous :
  • Naissance : baptême, rite de protection.
  • Âge de Vénus : communion, initiation à la prière, cordon brahmanique.
  • Adolescence et rites de puberté : cryptie, circoncision, tatouage, scarification, excision, rite de fertilité, quête de vision, pédérastie, genpuku et mogi.
  • Âge adulte : mariage, bizutage, conscription, sacrement, boukout, seijin shiki.
  • Mort et rites funéraires : inhumation, crémation, embaumement, immersion en mer, culte des morts.
Sources : http://www.lagouvernance.fr/les-jeunes-et-les-rites-de-passage-dans-les-societe-traditionelles/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sacrement
http://fr.wikipedia.org/wiki/Boukout
http://anthropobiocosmologie.wifeo.com/rites-dhier-et-daujourdhui.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_de_passage
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9d%C3%A9rastie
http://www.stage-chamanisme.com/quete-vision.html
http://www.cosmovisions.com/$Hindouisme-Sectes.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mariage
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bapt%C3%AAme
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conscription
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kryptie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Genpuku
http://fr.wikipedia.org/wiki/Seijin_shiki
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mort
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_fun%C3%A9raire
http://jfbradu.free.fr/egypte/LE%20PHARAON/le-pharaon19.php3


Recherche typographique

Je choisis d'utiliser la police Helvetica comme typographie du livret, et cela pour diverses raisons. Nous avons récemment eu un cours sur la nouvelle typographie internationale suisse avec Guillaume Frauly, et cela m'a beaucoup inspirée.
L'une des caractéristiques de cette police de caractère est la neutralité et la clarté, sans oublier l'harmonie optique de l'Helvetica qui me sera nécessaire dans la mise en page du livret sur le thème de la Traversée. Cela me permettra de me concentrer sur le fond du texte et non pas la forme sans pour autant oublier la beauté graphique du document.

Affiche de l'Helvetica Neue

Pour plus d'information sur Helvetica, voici la page Wikipedia et le reportage qui m'a inspirée ce choix.

Variantes de l'Helvetica



Sources : https://www.youtube.com/watch?v=t__AN6d8FWQ
http://imgkid.com/helvetica-typography-poster.shtml
http://www.google.com/imgres?imgurl=http://www.croque-pixel.com/wp-content/uploads/2013/06/HelveticaNeue.jpg&imgrefurl=http://www.croque-pixel.com/probleme-de-compatibilite-avec-helvetica-neue-sur-chrome&h=359&w=600&tbnid=iIecqEuZShQUoM:&zoom=1&docid=TmrgqFQSMqzJfM&ei=GcIwVdi6FNbWarb7gZgN&tbm=isch&ved=0CCQQMygDMAM


mercredi 8 avril 2015

Modification sur la note d'intention

Passage transcendant 

Bonjour à toutes et à tous,
Je publie aujourd'hui un bref post pour vous donner les dernières nouvelles concernant mon projet. Le livret sera constitué de 24 pages sur les rites de passages dans les diverses parties essentielles de la vie dont la jeunesse, la mort...
La modification que je porte à ma note d'intention est que les images qui vont venir illustrer les textes seront des photographies que je vais prendre moi-même dès cette semaine. Je compte aussi intervenir sur ces photographies avec de l'encre de chine, de l'acrylique... Les prochaines publications vont être sur ma recherche typographique (quelques idées en tête à approfondir) et quelques unes des photos que je vais faire.

A très bientôt,
FZ.

Source image : http://www.google.com/url?sa=i&source=images&cd=&ved=0CAYQjhw&url=http%3A%2F%2Fblog.athos99.com%2Ftag%2Fdssi-cssi%2F&ei=kKUlVZ7PIoP1UIqEhIAP&psig=AFQjCNEyrYRVn1Q90Y1Oa3NoJptZq8V3bg&ust=1428616976624081

mercredi 18 mars 2015

Note d'intention

Suite à la recherche effectuée durant les derniers mois sur le thème de la Traversée et plus particulièrement les rites de passages, je pense réaliser pour projet personnel final un fascicule.
L'idée est de créer un livret en format paysage, dédié à un essai sur les rites de passage des temps modernes que je vais rédiger moi même.
Ce livret contiendra une vingtaine de pages, la reliure que je vais utiliser est la reliure allemande (cousu et collé). Je compte aussi réaliser quelques illustrations et photographies pour accompagner ce texte. Les mediums que je vais utiliser afin de réaliser les illustrations seront sans doute de l'encre de chine, de la gouache, aquarelle, feutre... Le tout sera travaillé sur le logiciel InDesign afin de le mettre en page et Photoshop pour retoucher les photographies et peut être aussi les illustrations.
Vous pourrez suivre l'évolution de ce projet, vu que je publierai au fur et à mesure des extraits, des esquisses, croquis, photographies... J'espère de tout coeur que le résultat réponde à mes attentes, et aux vôtres.

mercredi 11 mars 2015

La kryptie

      Le sujet d'aujourd'hui est un rite de passage ancien pratiqué par les Spartiates (habitants de Sparte). Mais avant de parler de ce rite, il nous est important de parler de l'éducation Spartiate afin de comprendre l'origine et l'utilité d'un tel rite au sein de cette communauté. L'éducation Spartiate était essentiellement guerrière et militaire : l'Etat veut former, par un dressage extrêmement rigoureux, des soldats obéissants et endurants. La vertu suprême n'est plus l'exploit individuel mais le dévouement de l'individu capable de se sacrifier pour donner à sa patrie une gloire immortelle.
Dès sa naissance, la robustesse de l'enfant est mise à l'épreuve, il n'aura le droit de vivre que si l'Etat l'en juge digne. Jusqu'à l'âge de sept ans, il ne s'agit pas encore d'éducation mais d'élevage, l'enfant est laissé aux femmes. Les garçons sont ensuite embrigadés successivement dans diverses organisations paramilitaires, sous la direction du pédonome (délégué par l'Etat à l'éducation).
A partir de douze ans, les jeunes hommes vivent entièrement en collectivité ; cette obligation ne s'arrêtera qu'à trente ans, âge auquel l'homme peut enfin prendre ses repas et dormir chez lui. Tandis que leur apprentissage intellectuel se limite à quelques rudiments de lecture et d'écriture, ils sont soumis à un entraînement physique et guerrier de plus en plus rigoureux au fur et à mesure qu'ils grandissent. Les épreuves d'endurance que subissent les éphèbes sont souvent très cruelles : insuffisance des repas (on les encourage à dérober de la nourriture pour développer en eux hardiesse et ruse), flagellation, épreuve de la cryptie... 


La kryptie (ou cryptie) qui, en grec ancien, veut dire « cacher, se cacher, dissimuler » est une épreuve de l'initiation spartiate durant laquelle les jeunes gens vivent solitaires dans la campagne, survivant par leurs propres moyens. Elle ne se rattache pas à l’agôgè, le « dressage » à la spartiate à proprement parler, puisque celui-ci concerne les enfants (paides) alors que la kryptie s'adresse aux jeunes (neoi).
Dans Les Lois de Platon, le Spartiate Mégillos énumère les différents types de vertus pratiquées dans sa cité. Après les repas en commun (syssities), la pratique de la gymnastique et la chasse, il cite « l'endurance à la douleur ». Parmi les exercices destinés à l'acquérir, il évoque les rixes, la fête religieuse des Gymnopédies et la kryptie :
« Il y a aussi ce qu'on appelle la kryptie, exercice prodigieusement pénible et propre à donner de l'endurance, et l'habitude d'aller nu-pieds et de coucher sans couverture en hiver, celle de se servir soi-même sans recourir à des esclaves, d'errer la nuit comme le jour à travers tout le pays. »
Une scholie du passage de Platon insiste avant tout sur l'aspect éprouvant et solitaire de l'épreuve :
« On envoyait un jeune hors de la ville, avec consigne de ne pas être vu pendant tel laps de temps. Il était donc forcé de vivre en parcourant les montagnes, en ne dormant que d'un œil, afin de ne pas être pris, sans avoir recours à des serviteurs ni emporter de provisions. C'était aussi une autre forme d'exercice pour la guerre, car on envoyait chaque jeune homme nu, en lui enjoignant d'errer toute une année à l'extérieur, et de se nourrir à l'aide de rapines et d'expédients semblables, cela de manière à n'être visible pour personne. C'est pourquoi on l'appelait kryptie : car on châtiait ceux qui avaient été vus quelque part. »
De même, Plutarque rattache à Aristote la description suivante :
«Voilà en quoi consistait la kryptie. Les chefs envoyaient de temps à autre les jeunes qui leur semblaient les plus intelligents dans différents endroits du pays : on ne leur donnait rien, sauf des poignards et des vivres. Le jour, ils se dispersaient dans des endroits secrets et y demeuraient cachés sans bouger ; la nuit, ils descendaient sur les routes et ils égorgeaient les Hilotes qu'ils pouvaient capturer. Souvent aussi ils parcouraient les champs et tuaient les plus robustes et les plus forts.»
Les textes ne s'accordent pas sur le caractère solitaire ou non de l'épreuve, ni sur son niveau de sévérité (avec ou sans vivres ou nourriture). Compte tenu de la difficulté de l'expérience, elle est probablement réservée aux jeunes gens les plus aguerris. Il est certain que tous ne réussissaient pas l'épreuve : le scholiaste de Platon indique bien qu'« on châtiait ceux qui avaient été vus quelque part. » Les vainqueurs intégraient peut-être les Hippeis, l'élite de l'armée civique, mais cela n'est pas certain.
Edmond Lévy (1988) distingue deux étapes dans la kryptie : tout d'abord une sélection, puis une utilisation des kryptes, ceux qui ont réussi, contre les Hilotes, voire à la guerre : Plutarque mentionne dans sa Vie de Cléomène des éclaireurs kryptes lors de la bataille de Sellasia.
L'objectif de l'épreuve est également peu clair. Le scholiaste de Platon en fait un entraînement à la vie militaire. Koechly (1835) et Wachsmuth (1844) ont pu rapprocher ainsi la kryptie des peripoloi athéniens. Henri Jeanmaire y voit plutôt un rite d'initiation comparable à ceux existant dans les sociétés secrètes : hommes-loups et hommes panthères d'Afrique noire. Il observe ainsi que « toute l'histoire militaire de Sparte proteste contre l'idée de faire de l’hoplite spartiate un rampeur de brousse, un grimpeur de rochers et de murailles. »
De ce point de vue, la kryptie peut être rattachée à la notion, dégagée par Arnold van Gennep (comme cité dans l'article précédent), de rite de passage en trois phases successives : exclusion, inversion, intégration ; le jeune initié est de fait exclu du groupe auquel il appartient, amené à vivre dans les conditions inverses qui seront les siennes en tant que citoyen, puis, citoyen de plein droit, intégré à la communauté adulte. C'est la seule manière pour son clan de l'accepter en tant qu'homme à part entière. J'ai choisi ce rite parce qu'il est ancien et regroupe tout les éléments nécessaires pour comprendre la logique qui régit les rites de passage : le plus souvent, c'est afin d'appartenir, de devenir membre d'un clan-groupe-Etat, afin de gagner sa place et de prouver son obédience. Le volet historique est maintenant clos sur le blog, non pas qu'il n'y ait pas d'autres exemples, très pertinents d'ailleurs, de rites de passage, mais les rites que j'ai envie de partager avec vous sont tous encore présent, que ce soit en Afrique noire, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou chez le citoyen moderne de nos jours. 

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_de_passage
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kryptie
http://www.antiquite.ac-versailles.fr/educatio/edspart.htm
http://jbmarchand.org/2012/11/13/la-chute-de-sparte-et-ladolescence/

mardi 24 février 2015

Rites de passage : définition et études

Bonjour chers lecteurs,
J'ai déjà parlé dans un article précédent sur mon intention de me consacrer aux rites de passage dans les différentes cultures qui pour moi ont tout les éléments principaux pour mieux comprendre la symbolique de la traversée. Cette dernière, donc, sera plus symbolique que physique. Je ferais de mon mieux de m'acquitter de cette tâche qui n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air vu le grand nombre de folkloristes, sociologues, chercheurs et philosophes qui ont consacré leurs travaux à cette étude, parmi eux je cite Arnold Van Gennep, Max Gluckman, Mary Douglas, Victor Turner, Michèle Fellous...

Définition et études faites sur le sujet :


Un rite de passage est un rite marquant le changement de statut social ou sexuel d'un individu, le plus généralement la puberté sociale mais aussi pour d'autres événements comme la naissance ou la ménopause. Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.
Le "rite de passage" se distingue du "rite initiatique" en cela qu'il marque une étape dans la vie d'un individu, tandis que le rite d'initiation marque l'incorporation d'un individu dans un groupe social ou religieux: le premier touche indistinctement tous les individus d'un même sexe tandis que le second les sélectionne.
Ces rites permettent de lier l'individu à un groupe, à une communauté, mais aussi de structurer sa vie en étapes précises qui lui permettent d'avoir une perception apaisante de la condition mortelle de l'homme. Ils participent à la symbolisation du monde pour le rendre plus familier, d'où leur caractère pacifiant et soulageant. Ce phénomène est donc un enjeu important pour la relation entre l'individu et le groupe, mais aussi pour la cohésion du groupe en question.
Le premier à étudier le phénomène est l'ethnologue-folkloriste Arnold van Gennep (Les Rites de Passage, 1909). Selon ce dernier, le rite de passage se déroule le plus souvent en trois étapes suivant un modèle spatial : il y a analogie entre l'entrée ou la sortie par rapport à un groupe et le franchissement d'un seuil ou d'une frontière. Souvent un franchissement réel est inclus dans une cérémonie ; ainsi, pour un mariage, celui du seuil de la maison. Le cœur de la démonstration concerne les rites de changement d'état et de statut : grossesse, naissance, initiation, mariage et mort.

Les phases des rites de passage selon Van Gennep


Les trois phases dont parle Van Gennep sont les suivantes :

  • la séparation : elle a pour but de séparer et d'isoler l'individu du groupe (équivaut à une mort symbolique)

  • la marge appelée est aussi phase de marginalisation ou encore phase liminaire  (moment ou s'effectue l'efficacité du rituel, à l'écart du groupe, avec souvent des rites d'inversion) : la mise en marge représente une sorte de gestation symbolique

  • l'agrégation appelée aussi phase de réintégration ou postliminaire (retour dans le groupe) : on incorpore le sujet à un état nouveau, c'est une renaissance symbolique

D'après ces recherches préliminaires, il me semble clair que les trois phases des rites de passages miment, d'une façon ou d'une autre la naissance. Avant de naître, nous sommes séparés physiquement du monde qui nous entoure, du groupe auquel on appartiendra plus tard. C'est la phase première. Pendant l'accouchement, la mère endure des peines atroces qui peuvent mener jusqu'à sa mort ou celle de son enfant, c'est les épreuves, la gestation, le rite en question: car pour venir au monde, ou mériter une place au sein d'un groupe donné, il faut surmonter ces peines. Après la naissance, l'enfant est né: il appartient au groupe. Mais ceci s'applique surtout à la femme enceinte, si elle réussie cette tâche, elle gagne en statut vu qu'elle a enduré une épreuve qui met en risque sa vie et celle de son enfant. Mais ceci reste bien évidemment qu'une lecture personnelle de ses étapes qui pourrait tout aussi bien être erronée.
Le schéma ternaire des rites de passage fonctionne comme un idéal-type, il est donc forcément réducteur et on a reproché à Van Gennep d'avoir étendu cette catégorie à un trop grand nombre de rites, où l'enchaînement n'est pas toujours aussi visible ni convaincant. Marcel Mauss parlera de ce livre comme d'"une randonnée à travers l'histoire et l'ethnographie". Ce schéma a cependant l'avantage de rendre compte de la fonction sociale des rites : assurer le passage, la traversée, d'un statut à un autre en imposant une coupure sociale sur un processus biologique continu.
D'autres théories furent développées dans les années 1960 par Mary Douglas et Victor Turner. Ce dernier mettra l'accent sur le fonctionnalisme des rites de passage en matière de cohésion sociale. En transformant les statuts sociaux de façon prédéfinie, les rites de passage permettent d'éviter les conflits d'influence.
Les auteurs Geoffrey Miller, Ian Steward et Jack Cohen, indiquent aussi que les rites servent également à détecter ceux qui ne sont pas suffisamment soumis au groupe pour les subir. Ces derniers sont alors conduits à chercher la protection d'un autre groupe (qui ne les pratique pas, ou sous une forme moins contraignante), 'épurant' ainsi le groupe initial de ses éléments jugés peu sûrs. La circoncision par exemple est considérée par eux comme une forme socialement et religieusement très importante de rite, car elle teste et met en exergue la soumission des parents plus encore que celle des enfants. Je parlerais de circoncision plus en détail dans les articles qui suivent sur quelques exemples de rites de passage dans les diverses cultures de la préhistoire à nos jours. Car bien que l'on observe une diminution des rites de passage solennels (de type religieux notamment), on constate qu'un nombre beaucoup plus grand de rites moins codifiés et beaucoup plus systématiques les remplacent comme le bizutage, les remises de diplômes...

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_de_passage
http://www.scienceshumaines.com/les-rites-de-passage_fr_12946.html



vendredi 30 janvier 2015

La traversée de l'en bas


Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui s'intitule "La traversée de l'en-bas" écrit par Maurice Bellet. M.B. a pu côtoyer dans sa pratique de psychanalyste, de philosophe, de prêtre aussi, ce qu'il peut y avoir de monstrueux dans la vie des humains, et peut-être le plus noir : le mépris pour soi, jusqu'à la haine et au goût de se détruire. Tout en bas est bien entendu relatif à un en haut, à une plénitude supposée, un plein de sens. Quelle figure ce dernier peut-il prendre pour qui est englué, pensée et actes, conscience et instincts, dans la honte, la haine et la peur ? Pour l'auteur, chacun passe au cours de sa vie par ce qu'il nomme l'en-bas : la déchéance, l'inavouable, le monstrueux, la dépression, la trahison, la folie, le meurtre, l'exclusion, la maladie ou la détresse. Mais ces situations peuvent être l'occasion d'une création et d'un rapprochement avec les autres, et cette fonction ne doit pas être évacuée de la vie humaine. A travers les critiques, le résumé et les extraits que j'ai lu de ce livre, je pense que c'est un bouquin que je voudrais beaucoup lire, d'autant plus la vive relation avec le thème de traversée.
La dépression, la trahison, l'inavouable, la vie broyée, la déchéance, la folie, le meurtre, l'exclusion, la maladie : voilà l'en-bas selon l'écrivain. En chacun de nous, des portes dérobées donnent plus ou moins sur ces arrière-cours. Vivre se fait dans la traversée de ces abîmes ou se défont beaux discours et belles spiritualités. Il y a pourtant de l'humain dans ces régions-là. Et rêver de passer à côté ou au-dessus d'elles fait sortir de la condition humaine et mène au pire. En ces bas-fonds une création peut commencer et l'on devient proches les uns des autres. La grande tâche est d'éduquer des humains capables de supporter le chaos intérieur, la vie sans repères dans un paysage inconnu, la marche sans arrêt dans l'équilibre. Désormais, le seul Dieu que nous pouvons supporter n'est pas celui des hauteurs mais celui qui descend dans l'en-bas. C'est là que doit advenir ce qui met fin à l'inhumain ou nous sommes. Une parole, un geste, une lueur. Alors peut commencer la traversé de l'en-bas. Voilà un livre décapant pour tenir dans les jours sombres, loin des marchands de bonheur et d'illusions. 

Voici un extrait du livre de Bellet que je trouve très intéressant :


"Si vous glissez de l'en bas, le monde où vous habitez disparaît, les ennemis et compagnons se dissolvent dans la nuit. Et l'on ne revient pas. Seul espoir - au delà de tout espoir : traverser. Car c'est ici la mort de toute sagesse, de toutes les sagesses et cultures et traditions du monde. Toutes, elles ne parlent que pour ceux d'en haut, ceux qui montent, ceux qui aspirent, ceux qui savent - et leur non-savoir lui-même est la suprême science. Ils sont nobles. Les sages, les saints, les héros, les penseurs, les créateurs, les hommes de bonne volonté. Toute leur humilité, toute leur modestie n'y change rien. Même s'ils disent, pieusement, qu'au contraire ils descendent, qu'ils sont de plus en plus pauvres, démunis, déliés de tout avoir et de tout savoir, allons, allons, ils sont tout de même sur la bonne voie, ils sont tout de même du bon côté. Mais l'en bas est déchéance. L'être humain réduit là se connaît méprisable, défait, hors chemin, maudit. Il est dans l'inavouable. Il est dans une des cases maudites : la folie, la décrépitude, le crime, l'échec (le grand, la vie ratée), le mensonge. Même si l'on a pitié de lui, c'est une pitié armée et défensive : il ne s'agit pas de glisser en bas - là ou il vit. Qui est en bas ? Qui le sait ? Il y a tant de beaux édifices avec quelque part, dans une arrière-cour, la porte dérobée qui donne sur cette cave-là. [...] Peuple étrange, où peuvent se rencontrer ceux et celles qui sont apparemment les plus opposées : les grands privilégiés et les plus démunis. Ceux qui ont de quoi manger, se loger, se vêtir, se soigner, et qui ont une foi, l'amitié et l'amour, la pensée, l'oeuvre bonne. Et ceux à qui tout cela manque. Pourtant proches : ils habitent l'en bas. Oui, même ces privilégiés, si, au cœur de leur vie, il y a cette part secrète où ils communient à la détresse innommable. Et les plus démunis, en revanche, peuvent jusqu'en la pire détresse communier à ce je-ne-sais-quoi qui surpasse toute idée, toute image, tout discours, mais fait que, à s'approcher d'eux, on est touché de la lumière. Proches ! Ils peuvent dire "nous' sans mentir. C'est un peuple sans nom, sans patrie, sans drapeau. Ils portent l'énergie formidable qui naît en bas lorsque l'humain de l'humain émerge de la grande mort - prodigieuse naissance. C'est un genre d'hommes, hommes et femmes, littéralement revenus de la mort : ils y ont goûté, elle les a transpercés : quelque chose est advenu, qui est impérissable. Le vieux rêve d'immortalité, dont toutes les figures ont disparu, prend chair en cette humanité, hors de tout savoir et de toute prétention. Appui sans appui, fermeté qui ne tient à rien, grand vide où tout peut venir à fruit. Le signe, le fruit, le geste, c'est cette tendre et inguérissable douceur de la plus que compassion et du plus que pardon, cette étrange et divine douceur plus forte que le plus fort alcool, plus dure au combat que les héros d'Homère. Car c'est un combat, c'est une lutte âpre et sans merci. Et c'est douleur. Tout demeure de l'en bas. Et le fruit de la traversée, c'est d'en donner une perception aiguë, intolérable. Ah, comme il faudrait que tout soit autrement ! Et que nous soyons autres ! Mais la paix profonde doit demeurer, sous les vagues et sous l'ouragan. Ce peuple-là, nous autres, les revenants des terres froides, pour les justes et les savants, nous sommes des gens étranges, des barbares, des incompréhensibles qui parlons une langue qu'ils ne comprennent pas. Serions-nous le sel de la terre ? Voilà bien une prétention qui nous fait rire. Et pourtant, il est vrai que, comme le sel, nous donnons du goût - à la vie? Ô toi, qui que tu sois, si profond soit l'en bas, si dure la déréliction, si humiliant ton vice, si triste et sans but la vie qui te reste à finir de vivre, si du moins tu gardes en l'espace le plus secret de ton cœur, là-même où tu ne sais pas, un peu de cette lumière, un peu de cet espoir qui te sépare de la grande mort, un désir, un amour obscur, une foi sans mot sans visage, si du moins commence en toi (sans même que tu le saches) la lointaine aurore d'humanité, alors, frère, sœur, tu es des nôtres."La traversée de l'en-bas, pp. 12-13 : 153-156


Sourceshttp://www.franceculture.fr/oeuvre-la-travers%C3%A9e-de-l-en-bas-de-maurice-bellet.html
http://www.amazon.fr/Travers%C3%A9e-len-bas-Maurice-Bellet/dp/222748666X
http://belletmaurice.blogspot.com/2013/02/la-traversee-de-len-bas.html
http://www.nrt.be/fr/La-travers%C3%A9e-de-l%27en-bas-recension-6757

mardi 27 janvier 2015

La Traversée du temps

Une éternité, cela paraît long surtout vers la fin Franz Kafka




La Traversée du temps est un film d’animation japonais réalisé par Mamoru Hosoda (qui a aussi réalisé Paprika, autre chef-d’œuvre japonais) sorti en 2006. Le thème du film, bien que beaucoup utilisé dans les mangas, cartoons, séries, films… a été mué en une toute autre mesure. Je trouve que grâce à ce film, la notion de temps a été vivement plus intense dans mon esprit, Hosoda nous démontre, en toute simplicité graphique, comment est ce que l’utilisation abusive d’une remontée-traversée du temps peut être nuisible, voir fatale. Le film est déprimant, c’est vrai. Il est assez mélancolique, plutôt « période bleue Van Goghienne », mais on se laisse attendrir, on coule presque quelques larmes. Cette mélancolie, mélangée à l’histoire même, donne à ce film un charme fort intéressant.
Ce film est la suite d’une nouvelle homonyme de Yasutaka Tsutsui datant des années 90 qui a déjà été adaptée plusieurs fois. L’histoire originale raconte l’aventure similaire de la protagoniste vécue par sa tante quand elle était jeune, elle découvre qu’elle peut remonter le cours du temps par de simples sauts. Devenue une histoire culte de la littérature d’enfance et de jeunesse japonaise, mélangeant romantisme et science-fiction, elle sera adaptée de nombreuses fois à l’écran, en manga ou en chanson.

Voici le synopsis du film :
Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressée par l'école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu'au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu'il faut apprendre à vivre sans !

Le voyage dans le temps est un des grands thèmes de la science-fiction, au point d’être considéré comme un genre à part entière. L’idée d’aller revivre le passé ou de découvrir à l’avance le futur est un rêve humain causé par le fait que l’être humain avance dans le temps de manière permanente, mais irréversible (et, à l’état de veille, apparemment de façon linéaire).
La première mention d’un voyage dans le temps serait le personnage de Merlin l’Enchanteur dans le cycle arthurien des chevaliers de la Table ronde, qui visitait les temps passés. Les Celtes croyaient en la possibilité de voyager dans le temps et dans un monde parallèle, à partir des tombes, des tertres ou de certains lieux.
Les physiciens et les philosophes, tout autant que les auteurs de science-fiction, s’intéressent au voyage dans le temps, aux effets théoriques des voyages à la vitesse de la lumière et aux paradoxes logiques qui naîtraient d’un voyage dans le temps. Les recherches des scientifiques sur le voyage dans le temps sont basées sur l'augmentation de la courbure de l'espace-temps, en considérant que la flèche du temps peut arriver à se recroqueviller formant une boucle. Expliquant ainsi : « Nous savons que la courbure (espace-temps) se produit en permanence, mais nous avons voulu obtenir une courbure assez forte pour vous donner un moyen qui mène à de longues queues pour former des boucles fermées ... Nous avons essayé de savoir s'il est possible de manipuler l'espace-temps à se développer de cette façon ».
Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’un voyage dans le temps, un ‘bond’ en avant ou en arrière est-il possible ? En ce qui me concerne, je pense que le temps est l’une des notions les plus inconnues autour de nous, on dit que le temps est un moyen utilisé par la nature pour empêcher que tout arrive au même moment, c'est même bien plus que cela : c'est l'éternel et l'éphémère à la fois, le paradoxe, le passé, le présent, le futur, le 'mektoub', le destin, le changement... Et tellement de choses encore.



http://www.retourverslefutur.com/divers_voyager_dans_temps.html

lundi 26 janvier 2015

Sortie d'Egypte

Le sujet de l'article d'aujourd'hui sera donc le passage de la mer Rouge, ce dernier est un récit biblique et coranique selon lequel la mer qui bloque le passage des Israélites fuyant l'armée égyptienne s'ouvre miraculeusement pour laisser les Hébreux passer et se referme sur leurs poursuivants. Ce récit est considéré comme l'un des événements fondateurs du judaïsme, fondant sa foi en la rédemption miraculeuse par un Dieu personnel. L'épisode de la sortie d'Egypte constitue donc le point de départ de l'histoire du peuple d'Israël.
Installés selon la Bible sur les pâturages de Goshen à l'est du delta du Nil, les douze fils de Jacob et leur descendance -les douze tribus d'Israël- avaient d'abord prospéré au royaume d'Egypte. 


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Le Pharaon, suite aux recommandations des oracles qui promettent la venue d'un Hébreu salvateur, donne l'ordre à son peuple d'éliminer les nouveau-nés mâles et de ne laisser vivre que les filles. Les parents de Moise (Amram et Jocabed) sont tous deux issus de la maison de Lévi qui sera consacrée plus tard au service de Dieu après l'épisode du veau d'or. Après sa naissance, sa mère le cache durant trois mois puis l'abandonne dans une corbeille sur le Nil. La fille du pharaon (Bithiah, Batya en hébreu), qui se baignait avec des femmes de la cour, trouve l'enfant et décide de l'adopter, bien qu'ayant immédiatement deviné que l'enfant était hébreu. Elle demande alors à une jeune fille qui observe la scène de lui trouver une nourrice parmi les Hébreux pour l'élever. Cette jeune fille, Myriam, qui est la soeur aînée de Moise, lui présente sa mère. 
Un célèbre midrash raconte qu'un jour Moise jouant sur les genoux du pharaon lui dérobe sa couronne. Y voyant un mauvais présage, les mages du monarque suggèrent à celui-ci la mise à mort immédiate de l'enfant. Cependant, Jethro, prêtre de Madian, propose de mettre à l'épreuve ce qui n'était peut-être que jeu d'enfant, et fait placer Moise devant un plateau de diamants et de braises ardentes. Moise se précipite vers le plateau de diamants, mais trébuche (à la suite de l'intervention de Gabriel) vers les braises ardentes. Dans sa frayeur, il porte ses doigts à la bouche et se brûle la langue et les lèvres. C'est de la que vient le bégaiement de Moise, il est désormais "lourd de bouche et lourd de langue", ce qui incitera Yahvé à associer son frère Aaron comme porte-parole de Dieu.
Devenu adulte, Moise se rend compte des difficiles conditions de vie de ses frères de sang. Voyant un Egyptien frapper un Hébreu, il le tue et s'enfuit vers le pays de Madian. Après avoir defendu des bergères contre d'autres bergers, il trouve asile chez le prêtre Jethro, aussi appelé Réuel, qui lui donne sa fille Séphora en mariage.

En gardant les troupeaux de son beau-père, Moise fut appelé par Dieu de l'intérieur d'un buisson en feu mais qui ne consume pas. Sa mission consistera à libérer son peuple de l'esclavage qu'il subit et d'instaurer un monothéisme voué à Yahvé, Dieu unique. Moise commence à exécuter de sa mission, il reçoit alors des moyens d'ordre surnaturel (10 plaies d'Egypte), mais aussi d'ordre naturel, comme l'aide de son frère Aaron. 
Retournant en Egypte, il essaya de négocier avec le Pharaon qui s'obstina et ne fut pas réceptif. Moise, sous l'ordre de YHWH, invoqua une série de plaies. Finalement, le Pharaon agréa la demande des israélites et laissa Moise les conduire dans le désert pour honorer leur dieu. Cependant, il changea très vite d'avis dès leur départ et dépêcha un nombre de soldats afin de les ramener. Moise étendit le bras au-dessus de la mer, le Seigneur fit alors souffler un vent d'est durant toute la nuit pour refouler la mer et la mettre à sec. Les eaux se séparèrent et les Israélites traversèrent la mer à pied sec : de chaque côté d'eux, l'eau formait comme une muraille. Tous les chevaux du Pharaon qui les poursuivaient, avec chars et cavaliers, furent recouverts par les eaux. 

En bref, la libération à proprement parler intervint lors du passage à travers les flots dans un acte créateur -qui n'est pas sans rappeler le récit de la Création de la Genèse- par lequel celui-ci donne naissance à son peuple. La traversée de l'ouest, qui figure le couchant et la mort -vers l'est- le levant et la vie- symbolise le passage par lequel Moise fait accéder son peuple à la liberté. Je pense que Moise est la figure d'archétype dont tous les livres saints parlent et que tous attendent vers la fin des temps, un libérateur eschatologique qui viendrait sauver miraculeusement les croyants de la servitude du mal et punir les opprimants. Un libérateur qui nous ferait traverser mer et terre, par un coup de baguette magique comme diront certains sur l'histoire de Moise, mais qui n'en gardera pas moins de mérite pour avoir aidé tout un peuple à accomplir une traversée grandiose (ne serait-ce que mentale) et avoir changer le cours de l'histoire en introduisant le monothéisme comme doctrine et philosophie.





Sources : http://www.universalis.fr/encyclopedie/sortie-d-egypte/
http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/91-mythologies/3216-moise-la-traversee-de-la-mer-rouge-et-lexode.html
http://www.levif.be/actualite/sciences/bible-la-traversee-de-la-mer-rouge-expliquee-par-des-scientifiques/article-normal-356957.html
http://www.histoire-pour-tous.fr/dossiers/91-mythologies/3216-moise-la-traversee-de-la-mer-rouge-et-lexode.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mo%C3%AFse

vendredi 23 janvier 2015

La traversée de la mort, immigration clandestine

J'ai visionné le reportage ci dessous de l'émission "C dans l'air" lors de sa parution le lundi 18 Aout 2014, mais le sujet est toujours en vogue, et je pense que ce sujet a un rapport avec le thème de traversée, vu que l'immigration illégale est une traversée tragique basée sur l'espoir d'un meilleur lendemain, on traverse mer et terre pour fuir un quotidien souvent ravagé de guerres, de dictatures et de misère. Combien d'hommes, de femmes et d'enfants tentent par tout les moyens de rejoindre l'autre rive, le vieux continent le plus souvent ou les Amériques, afin de se garantir un avenir meilleur. Mais à quel prix ? Souvent, au péril de leur vie. 



Immigration clandestine :

L'immigration clandestine rapporte chaque année 5 milliards d’euros aux mafias selon Interpol, soit leur troisième revenu après ceux liés à la drogue et aux armes.
Entre janvier 1993 et mars 2012, les polices, les douaniers, les marines et autres, ont comptabilisé 16.264 morts aux frontières de l’Europe. Mais c’est sans compter sur un nombre très important de disparus dont la mer n’a jamais rendu les cadavres.


Un bateau de migrants clandestins à Lampedusa / Luca Bruno/AP/SIPA
Depuis 2012, les chiffres sont à nouveau à la hausse après le printemps arabe, les révoltes et violences en Tunisie, Libye, Egypte et Syrie et l’augmentation des départs de citoyens de ces pays.
Chaque année, ils sont des centaines à mourir noyés au large des côtes africaines (Atlantique et Méditerranée) et turques, sans compter ceux qui sont asphyxiés dans les camions des passeurs entre Calais et Douvres, au nord de la Grèce, au sud de l’Espagne et de l’Italie.
Sans oublier également ceux qui meurent de faim et de froid, qui sautent sur des mines, qui se suicident dans les centres de rétention à la veille de leurs renvois, et les manques de soins, les homicides entre différents groupes ethniques…
Il a été estimé que 19 144 immigrés clandestins sont morts aux frontières de l'Europe entre 1988 et 2013, dont 8 479 sont disparus en mer.






Traversée de la mort, écrit par Jamal Youssfi :



Ecrite par Jamal Youssfi à partir de témoignages et d'histoires réelles « La Traversée de la mort », production de la Compagnie des Nouveaux Disparus, intègre un thème grave d'une brûlante actualité dans l'univers fait de poésie, d'humour et de chansons caractéristique de la troupe. 
C'est l'histoire de cinq femmes qui se retrouvent enfermées dans une prison espagnole après avoir tenté l'impossible, la traversée de la Méditerranée, en barque, pour rejoindre l'Eldorado européen, le chimérique pays de Cocagne. Ces cinq destinées s'affrontent et se croisent au moment où le sort de ces femmes se joue dans les bureaux de l'administration espagnole. 
Entre espoir et désespoir, entre fantasmes et lucidité, entre rires et larmes, entre chansons et débats, « La Traversée de la mort » raconte comment, et pourquoi, les gens du Sud sont prêts à risquer leur vie pour changer de continent. Ces cinq femmes parlent le temps de leur réclusion de leur histoire, de leurs envies, de leurs rêves. Du dialogue naît peut-être un changement de cap... 
Je recommande à tous de voir le 5ième spectacle de Jamal Youssfi, un témoignage poignant d'une réalité amère. Voici une partie de l'entretien réalisé par Nadine Pochez pour le site comedien.be avec Youssfi à ce propos (pour l'interview complet, voir les sources).

Comment t'es venue l'idée d'écrire La Traversée de la Mort ?
On jouait une autre pièce sur la plage avec les mecs de la Compagnie et à un moment donné, les filles de l'équipe ont dit que ce serait bien de faire un spectacle avec des femmes. J'étais parti au Maroc pour écrire ça, et puis, à côté de chez nous, il y a eu beaucoup de cris et je suis sorti pour aller voir : on venait de repatrier le corps de ma voisine Mouna qui avait tenté la traversée en barque pour rejoindre l'Espagne et qui s'était fait tuer par balle... Alors, je me suis dit que j'avais envie d'écrire l'histoire de ces femmes, qui elles aussi tentent l'impossible, à prix d'or, au risque de leur vie, quand elles n'ont plus d'avenir dans leur pays. 
Dans ce texte-ci, j'ai eu envie de parler du chemin qui amène les gens ici aujourd'hui. Ceux dont le rêve unique est de venir en Europe faire leur vie. A la question "Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?", les enfants répondent souvent "Partir en Europe ! ". J'ai reçu ces réponses au Maroc dans ma contrée d'origine, mais aussi lorsque j'ai voyagé plus au sud un eu partout en Afrique noire. Ce rêve existe donc dans tout le contient africain. Le Maroc est une porte d'entrée vers l'Europe : seulement 30 km séparent Ceuta et Algaceras. Les candidats au départ viennent de toute l'Afrique... Une traversée sans gilet, même pour ceux qui ne savent pas nager. Une traversée menée à toute allure sur l'eau avec pour perspective soit un emprisonnement à l'arrivée avec un rapatriement à la clé, une espèce de retour à la case départ, soit un accident parfois volontairement causé par les passeurs pour éviter d'affronter la police espagnole. 
Mon idée principale dans l'écriture de ce texte est de dénoncer le mécanisme qui fait croire à ces gens que le pays de Cocagne existe ici, de leur dire que leurs chimères n'existent as, que l'avenir n'est pas dans la fuite, mais dans la construction d'autre chose. Je cherche aussi à dénoncer ceux qui font commerce de cette situation, les passeurs et trafiquant de tout poil, policiers et douaniers qui profitent de ces pauvres gens à la poursuite d'un chimérique sésame pour l'Eldorado.
Je pense que ce spectacle peut contribuer à éveiller les esprits, à faire prendre conscience de la catastrophe qui se met en place aux portes de l'Europe.






Sources
http://fr.wikipedia.org/wiki/Immigration_ill%C3%A9gale 
http://fr.myeurop.info/2013/10/11/les-routes-de-la-mort-de-l-immigration-clandestine-12371
http://www.lesnouveauxdisparus.com/index.phpoption=com_content&view=article&id=8&Itemid=14
https://www.youtube.com/watch?v=wUW1tVl4N38&spfreload=10
https://www.youtube.com/watch?v=p-Mpyan93zo
http://www.comedien.be/Jamal-Youssfi
http://www.stjosse.irisnet.be/index.php?id=10181

samedi 17 janvier 2015

Pont et traversée

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » (Isaac Newton)

L'article d'aujourd'hui parle de la symbolique du pont en religion, légendes, croyances, littérature et psychanalyse. Cette petite étude va me permettre de mettre en évidence la relation entre le pont et le thème de ce blog "traversée". En définition, le pont est une structure qui relie deux parties ou côtés opposés au dessus d’un vide, d’un cours d’eau, d’un écart, c'est donc un passage ou un raccourci. Il est le lien entre deux lieux géographiques, entre deux peuples, deux cultures. Symboliquement, le pont rapproche les opposés : ciel et terre, conscient et inconscient, vie terrestre et l’au-delà. Il remplace le passeur, qui dans plusieurs légendes transporte les âmes d'un monde à un autre.



Pont du Diable
Une vieille racine indo-européenne "penth" signifie "voie de passage". Elle a donné "Pons" en latin, puis "pont" en français. Symbole de transition et de transformation, il marque une rupture entre un état et un autre. Il permet le passage à la vie (incarnation) mais aussi le passage à l’au-delà par la mort. Le pont peut-être « périlleux » et sa largeur si mince que le risque est grand de le franchir, surtout s’il enjambe l’enfer comme c’est le cas dans de nombreuses croyances. C’est pourtant le seul chemin qui mène au Paradis. Cette représentation prend sa source dans la mythologie iranienne, notamment avec le Pont de Cinvat (ou Tchinoud), qui dans la tradition mazdéenne, est un pont lumineux qui surplombe la porte de l'Enfer que toutes les âmes doivent franchir. L'iranologue Pourdâvoud explique, dans sa préface à l'Avesta (livre sacré de la religion mazdéenne), la fonction du pont: 
« Sous le pont, et en son milieu, se trouve la porte de l’Enfer. Tchinoud est un passage que tous, pieux et pécheurs, doivent traverser. Pour les pieux, ce pont s’élargit autant que la longueur de neuf javelots, chacun long comme trois flèches, mais pour les pécheurs, il devient plus mince que le fil du rasoir. »

Le pont Sirat de la religion musulmane est aussi un pont franchissant les enfers par lequel toutes les âmes doivent passer pour atteindre l'Au-delà. Une fois les œuvres pesée, les hommes sont obligés de traverser le Sirat: un pont étroit construit au-dessus de la Géhenne et qui constitue un obstacle ultime pour ceux qui se dirigent vers la Demeure de la Dieu. En ce lieu, la vitesse de passage est proportionnelle aux bonnes et mauvaises actions de chacun, il y'aura ceux qui franchiront le pont tel un éclair, les deuxièmes comme passe le vent, d'autres encore ne pourront se déplacer qu'en rampant... De chaque côté du pont sont suspendus des crochets ayant reçus l'ordre de prendre des personnes précises; certaines s'en sortiront avec des écorchures, et d'autres tomberont en Enfer. 

Bifrost par Arthur Rackham




Dans la mythologie nordique, le pont qui mène vers l'Au-delà prend l'aspect d'un arc-en-ciel. Le pont Bifrost fait office de lien entre la Terre (Midgard) et le ciel (Asgard, situé au centre du monde). Ce pont est aussi nommé Asbru "le pont des Ases". Il est en effet franchi chaque jour par les Ases, le groupe de dieux principaux associés ou apparentés à Odin.

Dans la littérature aussi, le pont symbolise une épreuve à surmonter. Le pont dans la mine de la Moria dans "Seigneur des anneaux" (J.R.R Tolkien) représente le sacrifice de Gandalf. Les légendes arthuriennes parlent de nombreux ponts/épreuves: le Pont sous l'Eau, le Pont de Verre, les neuf Ponts afin d'atteindre le Graal... 





D'une autre part, de nombreux récits racontent que la construction d'un pont étant trop périlleuse ou impossible, le Diable propose de réaliser l'ouvrage de nuit et terminer avant le le lever du soleil (ou le premier chant de coq). Bien sûr, le Diable veut, en contrepartie, la possession de la première âme qui franchira le pont achevé. Quand tout est fini, on fait passer un chat au moment ou le coq chante et le Diable se fait berner.

En psychanalyse, c'est le symbole de la relation à l'autre. "Jeter des ponts" vers autrui permet de faire évoluer ses points de vue, de découvrir l'autre et donc d'élever sa conscience en se frottant à celles des autres, tout en se laissant la possibilité de rapartir en deçà du pont afin de reprendre son souffle et d'effectuer un nouveau départ. Avec plus d'élan. Quand à Freud, il parle du pont en ces termes
« dans la mesure où c’est au membre viril qu’on doit d’être sorti du liquide amniotique pour venir au monde, le pont devient le passage de l’au-delà (l’état où on n’est pas encore né, le corps maternel) à ce monde (la vie) et comme l’être humain se représente la mort comme un retour au corps maternel (à l’eau) le pont prend aussi la signification d’un voyage vers la mort. »


Précaire parce qu'il relie l'homme à sa fragilité, à l'inconnu, je pense que les ponts sont des passages que la notion de danger (l'abîme, le fleuve, le vide...) transforme en épreuves, en un défi personnel. Les religions et croyances parlent presque toutes, de ponts qui permettent aux âmes de passer vers l'Au-delà, mais d'un point de vue différent, on peut aussi dire que le pont est une construction intérieure qui relie les éléments paradoxaux qui nous constituent. Les ponts sont des franchissements, des avancées, des alliances vers des mondes ou niveaux inaccessibles sans lui. Parmi les raisons qui m'ont poussé à choisir le thème de traversée est cette symbolique de la traversée du monde terrestre vers l'Au-delà, du connu à l'inconnu, que l'on peut très bien sentir lorsqu'on parle de labyrinthe, de pont, de passeurs, etc. Je vais donc faire plus de publications dans le futur concernant les rites de passages des différentes cultures, la traversée dans le domaine ésotérique et religieux, les défis du corps et de l'esprit afin d'atteindre "la rive de la sagesse".


Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pont
http://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolisme_du_pont
http://antiochus.over-blog.com/article-35642876.html
https://viaducdecalix.wordpress.com/pont-et-culture/
http://www.dictionnairedessymboles.fr/article-symbolisme-du-pont-98243323.html
http://carmina-carmina.com/carmina/contes/ponts.htm


mardi 6 janvier 2015

Traversées maritimes de l'océan Atlantique

Carte de l'océan Atlantique
L'océan Atlantique est le deuxième plus grand océan de la Terre derrière l'océan Pacifique.  Pendant de nombreux siècles, il a constitué le point de départ des explorations européennes. Aujourd'hui, il est toujours une voie de communication stratégique pour les pays qui le bordent et occupe un rôle géopolitique important. 
La traversé maritime et aérienne de l'océan Atlantique a été faite par plusieurs explorateurs célèbres et moins connus tel Christophe Colomb, Magellan, James Fitzmaurice, Dieudonné Costes... Trois traversées m'intéressent particulièrement aujourd'hui et vont être le corps de cet article : Leif Erickson, Alain Bombard et Mylène Paquette.


Leif Erickson, Vinland


Leif Erickson (970-1025) est un explorateur islandais qui fut selon la tradition des sagas scandinaves le premier à atteindre et explorer les terres de l'Amérique du Nord, et plus particulièrement la région qui deviendra Terre-Neuve au Canada. Il est considéré comme le premier européen à traverser l'océan Atlantique de part en part (est-ouest).
Il était le fils d'Erik le Rouge et petit-fils de Thorvald Asvaldsson, mis tous deux hors la loi en Norvège pour meurtres et réfugiés en Islande. C'est là que naquit Leif. De nouveau banni, Erik s'exila avec sa famille au Groenland où il repartit, son bannissement achevé, pour y fonder deux colonies.
En se basant sur le récit de l'Islandais Bjarni Herjolfsson qui avait déjà aperçu le Nouveau Monde vers 986, Leif le visita autour de l'an mil et nomma trois pays, le Helluland, le Markland et le Vinland. Le Helluland était une terre rocheuse et désolée, probablement l'île de Baffin ou le nord du Labrador. Le Markland était une côte basse et boisée, presque certainement ce qui est aujourd'hui le sud du Labrador. Le Vinland pourrait être le site actuel de Bay St Lawrence au nord du Cap Breton en Nouvelle-Écosse, seules des fouilles archéologiques sérieuses de ce site (qui n'ont jamais encore été entreprises) pourraient le confirmer ou l'infirmer. Justement, le site de L'Anse aux Meadows à Terre-Neuve a mis au jour des vestiges d'habitations scandinaves datant de cette époque.
Après sa mort, son fils, Thorkell Leifsson, reprit le contrôle des colonies groenlandaise à sa mort.

Alain Bombard ou Le naufragé volontaire 


Alain Bombard est un docteur en biologie humaine français. Il est connu pour sa traversée en solitaire de l'océan Atlantique, d'une durée de 65 jours à bord d'un canot pneumatique en 1952. Son expérience lui a permis d'énoncer différentes règles de survie en mer, qui ont fait l'objet de vives critiques. De son vivant, son patronyme est devenu un nom commun, le « Bombard » désignant un canot pneumatique de survie auto-gonflable et insubmersible qui équipe les navires du monde entier. Jeune, il traverse la Manche à la nage pour tester sa résistance et s'intéresse aux canots gonflables. Il devient chercheur en 1952 au Musée Océanographique de Monaco et décide de tester le fruit de ses recherches en quittant la Principauté avec un volontaire anglais, Jack Palmer, équipé d'un sextant, un filet à planctons, quelques cartes et des livres, à bord d'un radeau gonflable, "l'Hérétique". Son passager préfère abandonner l'aventure et Alain Bombard le débarque alors à Tanger. La grande aventure peut alors commencer. 
La peur de la mort, les tempêtes, les vagues, les diarrhées... n'auront pas eu raison des certitudes d'Alain Bombard dans la réalisation de son projet, et c'est cela que j'ai trouvé unique à propos de sa traversée, on pourrait la qualifier de 'suicidaire' mais l'homme était tellement passionné par sa thèse que rien au monde ne put le faire changer d'avis; en fin de compte, il prouva au monde, et à lui même, qu'une telle entreprise est possible, si on le veut assez. Comme lui même le décrit sur sa thèse du naufrage, la cause de décès majeure n'est autre que le désespoir. 
Après son périple, il devint défenseur des thèses écologistes et fut nommé Secrétaire d'état à l'Environnement. Le médecin et biologiste partira pour sa dernière traversée, sans espoir de retour cette fois un mardi à l'hôpital militaire de Toulon à l'âge de 80 ans.

"Le dimanche 19 octobre 1951, un jeune médecin de 28 ans quitte le port de Las Palmas aux Canaries. Direction : l'Amérique. Moyen de transport : un canot pneumatique. Matériel embarqué : une voile, deux avirons, divers instruments de navigation, un couteau, quelques livres. Provisions d'eau : néant. Vivres : néant. Objectif : prouver qu'un naufragé peut survivre plusieurs semaines en buvant de l'eau de mer et en se nourrissant de plancton et de poisson. Tout le monde le traite de fou. Objet d'un tapage médiatique sans précédent, il est aussi tourné en ridicule, et les mieux intentionnés cherchent à le détourner de ce projet suicidaire par tous les moyens. Téméraire, sans doute. Suicidaire en aucun cas : il a seulement pris une provision de barbituriques, au cas où il tomberait à la mer et ne parviendrait pas à rejoindre son canot, crânement baptisé L'Hérétique. Bombard n'est pas un masochiste. Il va souffrir le martyre pourtant, les pires angoisses, les tortures du soleil comme de la pluie. Et il réussira, atteignant La Barbade trois mois et trois jours après son départ. Il signe là l'un des plus grands exploits de l'histoire maritime, que nous conte ce récit vivant, tumultueux, et traversé par les éclairs d'une vraie poésie." Scarbo

Mylène Paquette, ou l'élément féminin


Mylène Paquette, une sportive québécoise, est la première femme originaire d'Amérique du Nord à avoir réussi la traversée de l'océan Atlantique Nord à la rame en solitaire. Elle coupe la ligne d'arrivée sur la longitude de l'île d'Ouessant en France le 13 novembre 2013, 129 jours, 23 heures et 47 minutes après son départ de Halifax en Nouvelle-Ecosse au Canada le 6 Juillet.
Mylène Paquette. Crédit : Patrick Mével
Durant les 4 300 km de la traversée, elle a chaviré 10 fois. Le 13 Janvier 2014, Mylène est déclarée Personnalité de l'année 2013, par le quotidien La Presse et la Société Radio-Canada. Elle est également ambassadrice pour la Fondation David Suzuki au Québec dans le cadre du programme "Le Saint-Laurent : notre fleuve vivant".
J'ai pu suivre une partie du voyage de la sportive grâce aux réseaux sociaux (voir les sources pour la page facebook de Mylène Paquette et son site internet), et quelle émotion c'était lorsqu'elle arriva enfin au terme de sa mission, qui fut pleine de difficultés, de tempêtes, de blessures... Le monde entier célébra la force, la persévérance et le courage d'une femme qui osa défier mer et vent dans le but de relier les deux continents à la rame, une première pour un Nord Américain, qui plus est, est une femme ! Je trouve que le monde a besoin de plus de femmes courageuses et passionnées qui accomplissent de tels exploits et font partie de la liste un peu trop masculine des explorateurs, créateurs, innovateurs, scientifiques... 


Sources : http://www.mylenepaquette.com/                 https://www.facebook.com/DefisMylenePaquette                 http://fr.wikipedia.org/wiki/Oc%C3%A9an_Atlantique                 http://fr.wikipedia.org/wiki/Leif_Ericson
http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Bombard
http://www.livre2times.com/1952-alain-bombard-travers-l-atlantique-e-5679/#ZiQL8S6VIXdlfA6g.99                  
http://www.amazon.fr/Naufrag%C3%A9-volontaire-Alain-Bombard/dp/2859403701
http://www.laterredufutur.com/html/modules.php?name=News&file=print&sid=121
http://fr.wikipedia.org/wiki/Myl%C3%A8ne_Paquette
Sources images: http://fr.wikipedia.org/wiki/Oc%C3%A9an_Atlantique#mediaviewer/File:Oc%C3%A9an_Atlantique.png
http://www.davidsuzuki.org/fr/blogues/le-nid-du-colvert/2013/11/bravo-mylene/