Traversée

Traversée
Moon, Leonid Tichkov

mardi 24 février 2015

Rites de passage : définition et études

Bonjour chers lecteurs,
J'ai déjà parlé dans un article précédent sur mon intention de me consacrer aux rites de passage dans les différentes cultures qui pour moi ont tout les éléments principaux pour mieux comprendre la symbolique de la traversée. Cette dernière, donc, sera plus symbolique que physique. Je ferais de mon mieux de m'acquitter de cette tâche qui n'est pas aussi simple qu'elle en a l'air vu le grand nombre de folkloristes, sociologues, chercheurs et philosophes qui ont consacré leurs travaux à cette étude, parmi eux je cite Arnold Van Gennep, Max Gluckman, Mary Douglas, Victor Turner, Michèle Fellous...

Définition et études faites sur le sujet :


Un rite de passage est un rite marquant le changement de statut social ou sexuel d'un individu, le plus généralement la puberté sociale mais aussi pour d'autres événements comme la naissance ou la ménopause. Le rituel se matérialise le plus souvent par une cérémonie ou des épreuves diverses.
Le "rite de passage" se distingue du "rite initiatique" en cela qu'il marque une étape dans la vie d'un individu, tandis que le rite d'initiation marque l'incorporation d'un individu dans un groupe social ou religieux: le premier touche indistinctement tous les individus d'un même sexe tandis que le second les sélectionne.
Ces rites permettent de lier l'individu à un groupe, à une communauté, mais aussi de structurer sa vie en étapes précises qui lui permettent d'avoir une perception apaisante de la condition mortelle de l'homme. Ils participent à la symbolisation du monde pour le rendre plus familier, d'où leur caractère pacifiant et soulageant. Ce phénomène est donc un enjeu important pour la relation entre l'individu et le groupe, mais aussi pour la cohésion du groupe en question.
Le premier à étudier le phénomène est l'ethnologue-folkloriste Arnold van Gennep (Les Rites de Passage, 1909). Selon ce dernier, le rite de passage se déroule le plus souvent en trois étapes suivant un modèle spatial : il y a analogie entre l'entrée ou la sortie par rapport à un groupe et le franchissement d'un seuil ou d'une frontière. Souvent un franchissement réel est inclus dans une cérémonie ; ainsi, pour un mariage, celui du seuil de la maison. Le cœur de la démonstration concerne les rites de changement d'état et de statut : grossesse, naissance, initiation, mariage et mort.

Les phases des rites de passage selon Van Gennep


Les trois phases dont parle Van Gennep sont les suivantes :

  • la séparation : elle a pour but de séparer et d'isoler l'individu du groupe (équivaut à une mort symbolique)

  • la marge appelée est aussi phase de marginalisation ou encore phase liminaire  (moment ou s'effectue l'efficacité du rituel, à l'écart du groupe, avec souvent des rites d'inversion) : la mise en marge représente une sorte de gestation symbolique

  • l'agrégation appelée aussi phase de réintégration ou postliminaire (retour dans le groupe) : on incorpore le sujet à un état nouveau, c'est une renaissance symbolique

D'après ces recherches préliminaires, il me semble clair que les trois phases des rites de passages miment, d'une façon ou d'une autre la naissance. Avant de naître, nous sommes séparés physiquement du monde qui nous entoure, du groupe auquel on appartiendra plus tard. C'est la phase première. Pendant l'accouchement, la mère endure des peines atroces qui peuvent mener jusqu'à sa mort ou celle de son enfant, c'est les épreuves, la gestation, le rite en question: car pour venir au monde, ou mériter une place au sein d'un groupe donné, il faut surmonter ces peines. Après la naissance, l'enfant est né: il appartient au groupe. Mais ceci s'applique surtout à la femme enceinte, si elle réussie cette tâche, elle gagne en statut vu qu'elle a enduré une épreuve qui met en risque sa vie et celle de son enfant. Mais ceci reste bien évidemment qu'une lecture personnelle de ses étapes qui pourrait tout aussi bien être erronée.
Le schéma ternaire des rites de passage fonctionne comme un idéal-type, il est donc forcément réducteur et on a reproché à Van Gennep d'avoir étendu cette catégorie à un trop grand nombre de rites, où l'enchaînement n'est pas toujours aussi visible ni convaincant. Marcel Mauss parlera de ce livre comme d'"une randonnée à travers l'histoire et l'ethnographie". Ce schéma a cependant l'avantage de rendre compte de la fonction sociale des rites : assurer le passage, la traversée, d'un statut à un autre en imposant une coupure sociale sur un processus biologique continu.
D'autres théories furent développées dans les années 1960 par Mary Douglas et Victor Turner. Ce dernier mettra l'accent sur le fonctionnalisme des rites de passage en matière de cohésion sociale. En transformant les statuts sociaux de façon prédéfinie, les rites de passage permettent d'éviter les conflits d'influence.
Les auteurs Geoffrey Miller, Ian Steward et Jack Cohen, indiquent aussi que les rites servent également à détecter ceux qui ne sont pas suffisamment soumis au groupe pour les subir. Ces derniers sont alors conduits à chercher la protection d'un autre groupe (qui ne les pratique pas, ou sous une forme moins contraignante), 'épurant' ainsi le groupe initial de ses éléments jugés peu sûrs. La circoncision par exemple est considérée par eux comme une forme socialement et religieusement très importante de rite, car elle teste et met en exergue la soumission des parents plus encore que celle des enfants. Je parlerais de circoncision plus en détail dans les articles qui suivent sur quelques exemples de rites de passage dans les diverses cultures de la préhistoire à nos jours. Car bien que l'on observe une diminution des rites de passage solennels (de type religieux notamment), on constate qu'un nombre beaucoup plus grand de rites moins codifiés et beaucoup plus systématiques les remplacent comme le bizutage, les remises de diplômes...

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Rite_de_passage
http://www.scienceshumaines.com/les-rites-de-passage_fr_12946.html